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Le député Sébastien Delogu s’exprime au Sustainable Economy Forum


Ce samedi 28 juin s’est tenu à Alger le Sustainable Economy Forum, un rendez-vous incontournable consacré aux grands enjeux de la transition économique, de la durabilité et du dialogue entre les peuples. Organisé par Mohamed Skander, l’événement a réuni des personnalités engagées, des représentants d’institutions internationales, du monde de l’entreprise, ainsi que des responsables politiques venus d’Algérie et d’ailleurs.


Parmi les interventions marquantes de cette édition, celle du député français Sébastien Delogu a particulièrement retenu l’attention. Pour sa toute première visite en Algérie, il a livré un discours empreint de mémoire, d’émotion et de convictions profondes. Évoquant les liens complexes et puissants entre la France et l’Algérie, son attachement personnel à cette terre, mais aussi sa vision d’un avenir méditerranéen commun, il a plaidé pour un dialogue fondé sur la justice, l’égalité et la fraternité entre les peuples.

Mesdames et messieurs les ministres,

Mesdames et messieurs les représentants des ministères,

Monsieur le Secretaire exécutif du G77 aux Nations Unis,

Messieurs les directeurs générales de l’AAPI et

Messieurs les directeurs générales de la Chambre

Algérienne de Commerce et d’Industrie,

Chère Karim Zeribi,

Chère Mohamed SKANDER,

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui.

Je voudrais, pour commencer, remercier l’ensemble des organisateurs de ce forum pour votre engagement, votre invitation et pour l’honneur qui m’est fait en m’invitant à m’exprimer devant vous.

C’est la première fois de ma vie que je viens en Algérie.

Pourtant, comme des millions de Français, mon histoire familiale y puise ses racines.

Cette histoire que j’évoque à cet instant, nous la partageons en héritage commun.

Je pense aux millions d’hommes et de femmes, des deux côtés de la Méditerranée, dont les parents et les grands parents, ont traversé les tumultes de la guerre et de la misère avec courage, dignité, douleur et surtout avec beaucoup d’amour.

Notre présence aujourd’hui, ici, en Algérie, nous qui sommes les enfants ou les petits enfants d’une ère de chaos, démontre que la lutte qu’a menés nos anciens pour leurs survies et celle de leurs familles, n’était pas vaine.

Comment mettre des mots communs pour décrire les conséquences longues, d’un système brutal, raciste et inégalitaire, comme la colonisation sur nos histoires familiales et donc d’une certaine manière sur nos propres vies ?

Cela relève normalement de l’intime, pourtant, entre la. France et l’Algérie, entre Français et Algériens, et pour les millions de Franco-Algériens, l’intensité et la violence de ce passé commun a forgé des schémas familiaux, amicaux ou amoureux qui sont tous différents.

Notre histoire commune marquée par des déchirures qui semblaient indépassables, a façonné entre nous, un lien puissant.

A présent, cet héritage commun nous oblige.

Le grand Frantz Fanon, écrivait

« Chaque génération doit dans une relative opacité

découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. »

En toute modestie, et en toute logique avec mon engagement pour l’amitié entre nos peuples.

Je suis venu remplir la mienne…

Si ce voyage représente beaucoup pour moi, et pour les miens, à titre privé, car il m’a permis de me recueillir, sur la tombe de mon arrière grand-père, je n’ignore évidemment pas qu’il se déroule dans un contexte très particulier et que le mandat de député que m’ont confié les marseillaises et les marseillais transforme ma présence devant vous, en un acte public.

Je l’assume comme tel, en venant porter une autre parole du peuple français à l’adresse du peuple algériens.

A mon arrivée, dès mon premier pas en Algérie, j’ai senti souffler les vents de l’histoire.

A l’heure ou le droit international, boussole imparfaite certes mais nécessaire, s’effondre sous les coups des impérialismes et notamment celui des nord-américains qui ont pour seul projet… de le remplacer par la loi du plus fort.

Le dialogue entre les peuples est plus que jamais nécessaire.

Car si il existe bien sûr des blessures, des désaccords, des intérêts parfois divergents, mais c’est le commun qui permet de traiter d’égal à égal.

Je suis donc venu pour essayer à ma modeste place de recréer du commun.

A l’heure où les principes humains les plus élémentaires sont violés par la politique colonialiste, raciste et génocidaire du criminel de guerre Benjamin Netanyahu.

Le combat pour la dignité humaine est d’une nécessité absolue pour le droit à l’autodétermination des peuples, comme des révolutions de 1789 en France et de 1962 en Algérie.

La condamnation, sans réserve, du traitement infligé aux Palestiniens est donc un devoir moral pour eux bien sûr mais aussi pour le reste des peuples qui pourrait un jour subir le même traitement abominable.

Je suis venu porter ce message de paix, en opposition aux discours va t’en guerre du ministre de l’intérieur de mon pays.

Ici je n’ai que des frères et des sœurs en humanité dont je respecte l’indépendance et la dignité.

A l’heure, ou l’internationale fasciste, que l’on pensait définitivement vaincue, contre laquelle tant des nôtres se sont battus aux sacrifices de leurs vies,

A l’heure ou cette menace ressurgit, Nous avons l’impérieux devoir de lutter contre le racisme et la division.

Le racisme est la plaie de l’humanité.

Car, si tu ne veux pas de l’homme qui est en face de toi, comment croirais-je à l’homme qui peut être en toi ?

Les portes paroles du choc des civilisations qui hystéries les débats, divisent les peuples entre eux et en leurs sein, sont des fossoyeurs de l’humanisme et du progrès, d’abord parce qu’en fracturant l’unité des peuples ils en affaiblissent les capacités d’agir et d’entreprendre,

Ensuite parce qu’en agitant sans cesse des non-sujets, ils taisent les vrais enjeux, les vrais défis que notre génération et celles de nos enfants doivent affronter.

Je suis venu rappeler que pour la plupart de ces enjeux, nos enfants et nos petits enfants feront front commun.

Je parle bien évidemment des défis sociaux, économiques, écologiques et démocratiques.

Ces défis qui sont, j’en suis certain, au cœur de votre engagement quotidien et qui doivent, nécessairement être réglés afin d’entrer dans une nouvelle ère d’organisation du monde, plus juste, plus stable et donc plus propices à l’activité économique qui intéresse chaque chef d’entreprise à part les marchands d’armes bien sur.

Je vous le dis, ne voyez pas en moi ou dans le mouvement que je représente, la caricature trop souvent partagée du rouge assoiffé de taxes, d’impôts et de bureaucratie incapable de penser l’économie et l’entreprise.

Ces fantasmes se sont d’ailleurs cassé la figure face aux faits :

L’explosion des dettes privés et publiques,

Le résultat de l’ultra-libéralisation de l’économie,

L’incapacité d’anticiper les défis et de les planifier,

L’investissement économique et écologique,

La rupture plus ou moins consommée selon les pays entre les classes dirigeantes et les société civiles mais aussi entre les grands groupes capitalistes et les entrepreneurs.

Tout cela n’est pas le résultat d’une politique insoumise, mais bien des politiques néolibérales qui ont réussi à nous faire croire que produire un bien utile pour la société et monétiser des vidéos sur TikTok, avait la même valeur.

L’économie doit être au service de l’humain et pas l’inverse !

Derrière ces idées générales, il y a des pistes concrètes qui je le crois, peuvent représenter une forme de ciment à des perspectives économiques communes entre nos deux peuples.

La première, concerne évidemment celle qui nous sépare et qui nous rassemble en même temps.

Celle qui a charrié entre nos peuples autant d’espoirs que de désillusion… notre mer commune.

La mer Méditerranée, L’absurdité du modèle capitaliste à fait de la Méditerranée la mer la plus pollué du monde, L’inhumanité des politiques réactionnaires, l’ont transformé en cimetière.

L’avenir et la prospérité de nos deux peuples passe pourtant, j’en suis convaincu, par un investissement écologique commun sans précédent qui nous permette d’utiliser les mouvements naturels de la mer pour produire une énergie renouvelable et i-népuisable, et donc, de sortir à termes des énergies fossiles, dont il faudra bien un jour sortir, et en parallèle stopper donc cette guerre commerciale.

Loin d’affaiblir nos pays, ce type de projet innovant, qui construit des passerelles et des intérêts communs, représentent des leviers puissants et pour façonner un avenir en commun.

Car pour penser les liens économiques entre nos deux peuples, il faut partir de la base, de ce qui nous pré-existe et structure un avenir inaliénable entre nos deux nations.

Vous le savez, Je suis Marseillais, Un Marseillais particulièrement attentif à l’avenir de sa ville et donc je me pose des questions…

Comment proposer un avenir à ma ville, sans son port ?

Comment construire un avenir au port de ma ville sans construire un partenariat solide avec les 7 ports d’Algérie, comme les ports d’Alger, d’Oran, d’Annaba, de DJEN DJEN ou de BEJAIA ?

Enfin, comment refaire de Marseille, une plaque tournante des échanges méditerranéens, sans liens renforcés avec le plus vaste pays d’Afrique occidental ?

Ces questions d’apparences simples, qui nécessitent un engagement, une détermination sans faille du pouvoir politiques sont laissés à l’abandon depuis des décennies, que ce soit par la droite réactionnaire qui a trop longtemps gouverné Marseille ou par les socialistes, qui y exercent un intérimaussi mauvais qu’illégitime.

Je ne ferais pas l’économie de construire des réponses concrètes à toutes ces questions, car je ne suis pas un homme qui fuit ses responsabilités.

Alors je viens ici pour apprendre, comprendre, afin d’être en capacité demain, de décider et d’agir.

Pour conclure, Je veux être clair,

Je ne suis pas venu en Algérie pour flatter une clientèle mais pour construire d’égal à égal une relation solide, fiable, dans l’intérêt de nos deux peuples et en mémoire à notre héritage commun.

Pour atteindre cet objectif primordial, la France et pour ma ville, Marseille, j’ai la responsabilité de m’appuyer sur tout ce que nous avons en commun et notamment les millions de binationaux qui sont chez eux, d’un côté ou de l’autre de la mer Méditerranée.

Puisse la paix et la fraternité guider les relations entre nos deux peuple.

Vive l’amitié Franco-Algérienne.

Vive notre avenir en commun

Je vous remercie pour votre accueil.

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