Parier sur l’arbre pour défendre le territoire
Dans le silence des Hauts Plateaux, une vaste opération de reboisement est en marche. Relancé officiellement en octobre 2023, le « Barrage vert » — vaste ceinture végétale conçue pour freiner l’avancée du Sahara vers le nord — est aujourd’hui au cœur de la stratégie de développement durable de l’Algérie.
Ce projet, lancé dans les années 1970 sous Houari Boumédiène, avait pour ambition de reboiser plus de 1,5 million d’hectares entre les wilayas de Naâma à l’ouest et celles de Tébessa à l’est. Longtemps à l’abandon, miné par la sécheresse, le manque d’entretien et l’exode rural, il renaît aujourd’hui avec des objectifs ajustés mais un espoir renouvelé.
Une réponse concrète à l’urgence climatique
Selon les données de la Direction générale des forêts (DGF), plus de 21 000 hectares ont déjà été reboisés depuis la relance du projet, avec 80 points d’eau aménagés pour permettre la survie des essences plantées. Parmi elles, le pin d’Alep, le pistachier de l’Atlas, le romarin, l’alfa et d’autres espèces locales capables de résister à la sécheresse.
Mais le projet va au-delà de la plantation d’arbres : il s’agit d’une réhabilitation écologique et humaine. En restaurant les parcours steppiques, en rouvrant des pistes rurales, et en créant des activités agricoles et pastorales durables, le barrage vert ambitionne de fixer les populations rurales, de créer des emplois verts, et de lutter contre l’exode vers les grandes villes.
Une dimension sociale forte
L’un des points forts de la nouvelle version du barrage vert est sa gouvernance participative. Les habitants sont invités à s’impliquer, via des associations, des coopératives ou des chantiers d’intérêt local. Cette implication est essentielle, car la durabilité du projet dépend de l’appropriation des espaces forestiers par les communautés locales.
Des jeunes formés aux métiers de l’environnement participent désormais aux campagnes de plantation et à la surveillance des sites, souvent menacés par les feux de forêts ou le surpâturage.
Un symbole de résilience
Le barrage vert, longtemps qualifié d’échec, incarne désormais une seconde chance pour concilier développement, lutte contre la désertification, et souveraineté écologique. Dans un pays où plus de 20 millions d’hectares sont exposés à la dégradation des sols, cette barrière végétale pourrait devenir un véritable poumon vert du XXIe siècle, capable de freiner l’aridification du territoire tout en stimulant l’économie rurale.